Crédit photo © Association Bès/Truyère

A la surprise du maire de La Fage Montivernoux, une réunion d’information sur un projet éolien industriel dit du Truc de l’Os a rassemblé mardi 18 novembre une cinquantaine personnes.

En effet, hormis le maire, les deux représentants de la Compagnie du Vent (le porteur de projet), seuls avaient été conviés les électeurs de la section, soit 5 personnes. Les autres habitants de cette commune du nord Lozère, pas plus que les conseillers municipaux (sauf ceux qui sont aussi électeurs de ladite section) n’avaient été informés de cette réunion. Un comble lorsqu’on sait l’impact qu’aurait ce projet d’une dizaine d’éoliennes industrielles, visuellement contigu au tristement célèbre parc du Truc de l’Homme, sur l’ensemble du Plateau d’Aubrac. Il faut voir là une tactique bien rodée des promoteurs qui tentent de manipuler à leur avantage les sections de petites communes rurales en ayant soin de rester invisibles au reste de la population. Peine perdue ! Plus de 35 personnes de Chaudes Aigues à Nasbinals, en passant par Fournels et Saint-Urcize, avaient eu ‘vent’ de cette réunion à laquelle ils ont tenu à assister pour exprimer leur opposition à un projet qu’ils jugent néfaste pour l’Aubrac, ses habitants, son environnement, son économie.

Crédit photo © Riverains du Bès – Anémomètre au Truc de l’Os

Un vigoureux débat s’est prolongé jusqu’à minuit. Les arguments des promoteurs venus de Montpellier ont été balayés un par un par les opposants au projet éolien, qui ont pointé de nombreuses faiblesses:

par exemple enquête environnementale bâclée, éoliennes installées sur des captages, méconnaissance flagrante des caractéristiques hydrologiques de l’Aubrac par la Compagnie du Vent, le chef de projet provoquant même l’hilarité générale lorsqu’il s’est s’interrogé tout haut « Mais à quoi elle sert cette eau ? ». L’intérêt de remplacer le nucléaire par l’éolien -argument classique des promoteurs- a été renvoyé en boomerang par un participant, qui a fait remarquer que la Compagnie du Vent est une filiale à 100% du groupe GDF Suez, l’un des grands acteurs du nucléaire dans le monde. Interrogé sur ses motivations à accepter des éoliennes sur sa commune, le maire a fini par admettre qu’il ne s’agissait que d’une question d’argent. Comme si les autres communes de l’Aubrac n’avaient pas besoin d’argent ! Elles, dont la solidarité permet au Parc Naturel Régional (PNR) d’Aubrac de voir enfin le jour. Elles, qui se sont officiellement prononcées contre l’éolien industriel dans les parties aveyronnaise et cantaliennes de l’Aubrac, respectivement en 2003 et 2011. Oui, il faut le dire, le problème de l’éolien en Aubrac est exclusivement lozérien. Ainsi la commune de La Fage Montivernoux a voté défavorablement au PNR Aubrac, alors qu’elle se trouve bien au cœur du périmètre techniquement agréé par l’Etat. Faut-il voir dans cette décision l’influence du promoteur éolien? Cette réunion a permis, une fois de plus, d’éventer le parfum de scandale qui accompagne le développement de l’éolien industriel partout en France : arguments fallacieux, marchandisation des biens communs (paysage), destruction de biodiversité, intérêts financiers et particuliers prévalant sur l’intérêt général, corruption, prise illégale d’intérêt, la liste n’est pas exhaustive. L’Association pour la Protection des Bassins du Bès et de la Truyère, celle des Riverains du Bès et le Collectif Patrimoine Lozérien continueront de dénoncer ces pratiques peu vertueuses aussi longtemps qu’il le faudra à M. Pourquier, président du Conseil Général, pour qu’il se réveille et trouve enfin le courage politique de faire interdire l’éolien en Lozère, conformément à l’avis défavorable aux implantations d’éoliennes industrielles dans le département, pris à la majorité par cette institution il y a maintenant 2 ans.

Pascale Debord – Association pour la Protection des Bassins du Bès et de la Truyère

Catherine McLean – Association Riverains du Bès

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