
Panorama ininterrompu depuis les Monts de la Margeride jusqu’à ceux du Cantal – Crédit photo @ Association Bès/Truyère
En matière d’éolien industriel, la communauté de communes du Pays de Saint-Flour, présidée par Pierre Jarlier, sénateur du Cantal et maire de Saint-Flour, peut se targuer d’une belle expérience. Plusieurs parcs éoliens visuellement contigus et totalisant plus de 30 aérogénérateurs sont en exploitation sur son territoire (Coren, Vieillespesse) ou en périphérie (Rezentières, Talizat, Rageade). Ca, c’est seulement pour le Cantal. En effet, cet horizon industriel se poursuit au nord-est, en Haute Loire, par les 26 éoliennes du parc d’Ally-Mercoeur, qui -ces dernières années- n’ont cessé de défrayer la chronique avec le procès puis la condamnation (emprisonnement avec sursis, amende) de plusieurs élus de la commune d’Ally, notamment pour prise illégale d’intérêt. Si bien qu’on peut supposer que le Pays de Saint-Flour Margeride est en mesure de dresser un premier bilan objectif de son parcours au contact d’une industrie très controversée.
Le bilan n’est pas officiel, mais le quotidien La Montagne nous met la puce à l’oreille. En effet, un article du 17/12/2014 sur la valorisation de la filière bois se termine par ce paragraphe:
« Mais surtout, le Pays de Saint-Flour Margeride projette de réaliser un PLU (Plan local d’urbanisme) intercommunal. Dans le cadre de cette démarche, les élus souhaitent élaborer un schéma de développement des énergies renouvelables dans lequel seront définies des zones où il sera interdit d’implanter des éoliennes. L’objectif, clairement annoncé, est d’empêcher à certains secteurs, comme les sommets de la Margeride, d’être «défigurés » par d’imposants mâts. »
Cette initiative est heureuse car chacun sait que la Margeride -extraordinaire ensemble agraire et naturel aux confins du Cantal, de la Haute-Loire et de la Lozère- est devenue une proie de choix pour les promoteurs d’éolien industriel. En Lozère, ceux-ci sont encouragés par les déclarations intempestives d’Alain Bertrand, sénateur et maire de Mende, qui a décidé une fois pour toute que les détracteurs de l’éolien n’étaient que des esprits chagrins, sans se demander une seule seconde pourquoi un nombre croissant de citoyens dans son département consacrent au quotidien autant d’énergie à lutter contre les géants de l’énergie et les fonds d’investissement qui ont programmé l’annexion de nos territoires à leur seul profit.

Depuis les contreforts de la Margeride, superbe panorama d’automne sur le viaduc de Garabit, la vallée de la Truyère (dans la brume) et le massif du Cantal.
Il faut donc souhaiter que cette puce parvienne aussi jusqu’aux oreilles d’Alain Bertrand. Celui-ci ferait bien de s’interroger sur les raisons qu’à son collègue de redouter que la Margeride ne soit défigurée. Il n’est pas non plus interdit d’espérer, voir de suggérer, que ces messieurs réfléchissent ensemble à une politique commune de valorisation économique et sociale de la Margeride, qui soit respectueuse d’un Patrimoine d’une rare authenticité: écosystèmes, paysages, architecture, etc… Certes la réforme territoriale ne fera qu’éloigner les uns des autres les centres de gravité des institutions gouvernant cette belle région, mais MM. Jarlier et Bertrand étant tous deux sénateurs, on peut penser qu’il existe et continuera d’exister entre eux une certaine proximité géographique de temps à autre… Quant à une éventuelle distance politique entre les deux, la Margeride s’en contrefiche. Bref, à la veille d’une nouvelle année, on souhaite ardemment que la fée du bon sens touche Alain Bertrand de sa baguette magique et lui rappelle au passage une autre initiative récente (11/12/2014) de la communauté de communes des Hautes Terres (canton de Fournels) qui a voté à une très large majorité contre l’éolien industriel en Aubrac (voir la Lozère Nouvelle du 19/12/ 2014, qui reprend intégralement notre communiqué à ce sujet).
Lire l’article de La Montagne dans son ensemble sur le site du quotidien
Pascale Debord