Les énormes blocs de granite qui parsèment le plateau d’Aubrac sont des marqueurs essentiels du paysage. Habile, la nature les a disséminés dans les landes et pâturages de telle sorte qu’en les escaladant, on peut admirer l’ensemble du plateau, la ligne bleue de la Margeride à l’Est et le volcan du Cantal au nord-ouest. Ces chaos granitiques, fruit d’une longue altération du granite par l’eau, ont été dégagés par l’érosion au fil du temps. Alors que nous leur conférons une valeur essentiellement esthétique, leur intérêt pratique n’a pas échappé à nos ancêtres. La préhistoire de l’Aubrac n’est pas connue, sauf de Catherine McLean, diplômée d’archéologie et d’anthropologie préhistorique, qui vit sur l’Aubrac cantalien et arpente le plateau depuis des années à la recherche du moindre vestige d’activité humaine pré-romaine. Ces vestiges, elle les a trouvés dans les fameux chaos granitiques.
Elle les a photographiés et documentés et nous fait partager ses découvertes exceptionnelles le temps d’une exposition intitulée « Roches, Bassins, Aubrac » qui se tient du 4 au 21 octobre 2016 à la Maison de la Région, à Mende (9 boulevard Théophile Roussel, du lundi au vendredi : 9h-12h et 14h-18h – Tél. 04 66 42 85 09-maisonregion.mende@regionlrmp.fr).

Vestige d’activité humaine préhistorique sur l’Aubrac – Crédit photo © Association des Riverains du Bès (cliquer pour agrandir)
Voici ce que dit Catherine McLean à propos de ses recherches:
« Des bassins sont signalés depuis longtemps partout en Europe littorale ou continentale, de même en Asie ou en Amérique, mais généralement en tant que phénomènes isolés, difficilement datables, non clairement reliés à une culture bien définie ni à une utilisation précise, peu étayés par d’autres indices, mobiliers ou stratigraphiques, permettant de les contextualiser et d’en révéler l’usage. Cet état de fait est encore plus vrai dans le Nord Lozère, notoirement oublié en matière de fouilles archéologiques, hormis à Javols. La présentation photographique (DVD) qui résulte du relevé de ces phénomènes montre l’abondance de leur présence dans les beaux paysages fermés et ouverts de l’Aubrac. Le Haut Gévaudan se révèle riche en vestiges de l’activité humaine liée à son histoire pré-romaine (tombes inclinées/perforées creusées dans la roche-mère, menhirs). Dans le périmètre de 25 km2 limité par cette étude, bassins simples et doubles, ouverts et fermés, cupules, meules dormantes, pierres à tanner, “sièges”, pierres levées, fonds de cabanes, on trouve ici concentrée toute la typologie habituelle liée à ce phénomène – se présentant ailleurs dispersé et espacé. Le riche contexte préhistorique de la région encourage à proposer, dans cette perspective, une étude approfondie de ce haut-plateau par toutes les sciences liées à la recherche archéologique. »
Une brochure (et DVD) « Les Roches à bassins de l’Aubrac lozérien » peut être achetée sur place ou commandée auprès de info@aubrac-archeo.fr
Sur les photos reproduites ici, il s’agit d’un amas rocheux situé aux Grisouvettes, au-dessus de Luxal vers le sud: Les Grisouvettes alt: 1268m long: 03°05’32 »E lat: 44°44’03 »N.
Le Puech de Brion proprement dit est immédiatement à l’ouest.
Mais j’irai quand même voir à la première occasion, car:
« une étude archéologique sur les sites signalés dans Les Roches à Bassins de l’Aubrac Lozérien ne devrait pas trop attendre. Le plateau connaît, comme partout, des mutations anthropiques: mutations anciennes (1950, abandon du système des rases et de l’énergie hydraulique locale – moulins, turbines), mutations récentes (1990, assèchement des tourbières), mutations présentes (2000, dérochages, bâtit agricole de grande surface, prairies artificielles, voies nouvelles), mutations d’avenir (projets industriels). » (in C. McLean, Les roches à bassins de l’Aubrac lozérien, p. 8.
Responsabilité: le donneur d’ordre, sans doute.
Revenus tout juste d’une visite dans votre belle regionque nous avons aimee d’emblee. Que d’ endroits merveilleux faits de bosses et de creux ou l’horizon est large, l’air est pur,on y oublie facilement au milieu de cette nature, les laideurs de notre siecle.
Si je ne me trompe, cet amas granitique était au sommet du Puech de Brion. Lors de mon dernier passage, en 2015, des travaux de terrassement l’avaient fait disparaître. A qui en imputer la responsabilité?