
Ruisseau en Aubrac – Crédit photo © Association Bès & Truyère
Aubrac Biodiversité, une fédération d’associations de protection de l’environnement (et dont notre association est membre), nous transmet le communiqué suivant.
« Saviez-vous que depuis 3 ans, en toute discrétion, des centaines de petits ruisseaux disparaissent volontairement des cartes et de notre paysage? Ce constat alarmant est le résultat d’une vaste opération de reclassification des cours d’eau lancée en 2015
par le gouvernement et Ségolène Royal, alors Ministre de l’écologie, sous la pression de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles). Cette opération qui peut paraître anodine et qui passe inaperçue, impacte en réalité notre environnement de façon irréversible et bientôt notre santé. Pour être considéré comme un cours d’eau, un écoulement doit répondre à trois critères cumulatifs définis par le code de l’environnement: un lit et une source clairement identifiable et un débit suffisant pendant la majeure partie de l’année. Le travail d’identification des cours d’eau mené par les DDT (Directions Départementales du Territoire) d’un coté et par les FDSEA et JA (Jeunes Agriculteurs) de l’autre, ayant révélé des différences significatives de l’ordre de 40% à 60% (!), un travail complémentaire a été engagé sur le terrain avec ces deux organismes accompagnés de représentants de la profession agricole, de l’Agence Française pour la Biodiversité et parfois de la pêche associative, des syndicats de rivières et des collectivités locales…afin de trouver des compromis! Depuis, s’engage un bras de fer avec le tout-puissant syndicat agricole, ce dernier cherchant à faire déclasser le maximum de cours d’eau en fossé ou ravine. Et l’enjeu est de taille quand on sait que la loi sur l’eau ne réglemente pas la gestion et la protection de ces derniers. Si la cartographie est loin d’être terminée en Aveyron, elle est beaucoup plus avancée dans le Cantal et en Lozère ou le secteur « Aubrac » n’est malheureusement pas épargné et ou le grand nombre de demandes de reclassification interroge. Est-ce la peur d’un Parc Naturel Régional de l’Aubrac rendant la déclassification plus contraignante dans l’avenir ou la triste déconnexion de certains vis-a-vis des demandes environnementales et sociales qui font apparaître ces chiffres alarmants ? Toutes les données et cartes sont consultables sur les sites internet des préfectures concernées (menus: politique publique-environnement-eau). Même si nos 3 départements ont une petite chance d’être un peu moins impactés que les zones céréalières comme la Haute-Garonne par exemple ou, dans la seule partie Nord de ce département, plus de 900 cours d’eau viennent d’être rayés des cartes (« La Dépêche » 27/12/2017), nous nous inquiétons et dénonçons la perte de ces zones essentielles à l’équilibre naturel. Leur sacrifice révèle encore une fois une exploitation de la terre à court terme, toujours plus irréfléchie ou l’environnement naturel et humain ne compte pas. Une fois comblés, drainés et exploités, ces cours d’eau ne pourront plus remplir correctement leurs fonctions de régulateurs hydrologique et de viviers pour la biodiversité. Dans le pire des cas, ils alimenteront par infiltration les boraldes et les rivières, impactant un peu plus la flore et la faune aquatique, nous procurant dans le même temps, une eau de consommation contaminée par les différents engrais et produits phytosanitaires répandus. Cette éternelle remise en cause des lois et normes environnementales que nous font subir les grands décideurs du monde agricole, annonce un peu plus chaque jour un désastre écologique et humain et jette le discrédit sur une profession, dont beaucoup de ses petits acteurs tentent tant bien que mal de survivre, en conciliant production et respect de la terre et des hommes. C’est encore une fois un triste constat et une amère régression en matière de protection de l’environnement. »
Vincent Calsat
Président
Fédération Aubrac Biodiversité (*)
En savoir plus sur la Fédération Aubrac Biodiversité
En liaison avec ce qui précède, et pour préciser les enjeux liés à l’identification des cours d’eau, l’Association de Protection des Rivières Ariégeoises (APRA) précise : « La notion de cours d‘eau n’a pas été définie par la loi, ni par le règlement, mais a été laissée à l’appréciation du juge. Ainsi de jurisprudence en jurisprudence, la définition des cours d’eau s’est construite de façon pragmatique et s’est adaptée à la diversité des situations géographiques locales. Récemment, les services de l’Etat se sont lancés dans la révision de la géographie hydrologique de la France. Les enjeux sont importants. Il s’agit ni plus ni moins que de définir le domaine d’intervention des services de l’Etat dans l’application de la loi sur l’eau sur l’ensemble des cours d’eau reconnus par la nouvelle cartographie. »
A lire également, un article du 19/02/2018 publié sur le site Reporterre « Course contre la montre pour sauver les cours d’eau ».
Nous observons le même problème alarmant dans la Nièvre, mais peu de gens semblent le savoir.
Je vous remercie d’avoir relayer notre article et ainsi nous avoir permis d’informer le plus grand nombre car là est bien notre but premier et non, comme le prétend Mr Maurin, d’alimenter des propagandes écologistes avec de fausses informations! Fausses informations qui d’ailleurs n’en sont pas: les données sont consultables sur les sites internet des préfectures et les drainages agricoles inférieurs à 20ha ne sont soumis à aucune obligation! Ceux compris entre 20ha et 100ha sont soumis à une simple procédure de déclaration.
D’autre part, notre article ne relate pas uniquement ce qu’il se passe en Lozère mais dans nos 3 départements et bien sûr au niveau national. Il est évident que certaines régions sont beaucoup plus touchées par les problèmes liés aux produits phytosanitaires mais la Lozère, et l’Aubrac en général, n’y échappent pas et ne sont plus des territoires préservés depuis longtemps: les sacs d’engrais répandus dans certains prés, les égouts et eaux usées déversés directement dans les cours d’eau par exemple, sont malheureusement là pour nous le rappeler!
Quoiqu’il en soit, la reclassification de certains cours d’eau, comme les rivières provenant d’une zone humide et non d’une source identifiable ou d’autres étant à sec pendant six mois par exemple, entrainera obligatoirement des perturbations de l’équilibre et de la régulation hydrographique ainsi que des modifications ou des destructions environnementales importantes et irréversibles… il nous paraissait important de le dénoncer et d’informer.
Bonjour
Je voudrais rebondir a vos propos. Les courts d’eau qui ont été déclassés ne sont pas réellement des courts d’eau. Ce sont des résurgences qui apparaissent lors de forte pluie ou lors de la fonte des neiges. En effet la loi est claire(pour une foi ) s’il y a présence d’un lit de rivière ou s’il y a de l’eau qui coule une majeure partie de l’année , alors c’est un court d’eau. Il faut savoir qu’avant que cette carte soit revu , le causse de sauveterre était plein de court d’eau!! Preuve qu’une révision s’imposait. De plus vous dites que lorsqu’il est déclassé un court d’eau peut être drainé. Faux , vous devriez savoir que les drainage sont très réglementé. Pour ce qui est des produit phytosanitaire , sur l’aubrac les plus gros utilisateur sont les jardinier amateur. Les agriculteurs n’en utilisent pas .Une autre précision même si le parc régional avait été en place lors de la cartographie des courts d’eau cela n’aurait pas empêcher de déclasser ce qui devait l’être. Dans le parc national des cévennes ,le même travail a été fait. Tout simplement parce que lorsqu’on se rend sur le terrain on se rend compte que les cartes étaient fausse.
Il faudrait essayer de ne pas colporter de fausse information pour alimenter des propagandes écologiques, qui n’ont pas lieu d’être dans un département préservé comme la lozère.
De vous lire, j’ai les larmes aux yeux. Jamais la nature n’a été aussi massacrée, vandalisée. Honte aux décideurs destructeurs de l’environnement.